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19 février 2009

OTAN : Rupture et Trahison

Alors qu’un nouveau soldat français a récemment été tué en Afghanistan, Sarkozy s’est rendu à Bagdad il y a quelques jours faisant là un nouveau pas vers le retour complet de notre pays au sein l’OTAN dont de Gaulle avait claqué la porte en 1966. Il l’a confirmé par ses déclarations au sommet de l’OTAN qui a suivi. Le sujet est d’une importance fondamentale, mais comme à son habitude le chef de l’Etat n’a pas jugé utile de consulter la représentation nationale avant de revenir sur une position que défend la France, toutes tendances politiques confondues, depuis plus de 40 ans.

Le PS a aussitôt réclamé, vainement, un débat parlementaire sur le sujet, rejoint en cela, c’est dire, par la droite au sein de laquelle des inquiétudes et des réticences montent, notamment chez certains gaullistes. D’anciens ministres de la défense socialistes, comme Jean-Pierre Chevènement (aujourd’hui MRC) et Paul Quilès, sont montés aux créneaux en soulignant que cette décision atlantiste du Président de la République n’offre pas «d’intérêt pour la France et ne s’accompagne d’aucune avancée de l’Europe de la Défense, pourtant annoncée comme priorité de la présidence française de l’Union Européenne».

Mais la décision de Sarkozy mécontente jusque dans les rangs de la droite : François Bayrou, bien sûr, n’est pas en reste, qualifiant ce projet de «défaite» pour la France et pour l’Europe et demandant que le choix de Gaulle en 1966 de quitter le commandent intégré de l’OTAN «ne soit pas bradé». Même l’UMP et le CNI se rebiffent, craignant là une rupture avec le principe républicain de la volonté d'indépendance raisonnée qu'avait voulu De Gaulle avec l'appui du peuple français.

C'est en effet une trahison. Une de plus de la part de l’ex-candidat qui conditionnait ce retour à l’organisation préalable d’une défense européenne. Promesse à classer avec, entre autres, le pouvoir d’achat, l’augmentation des retraites, le sauvetage de Gandrange, etc. C’est aussi une rupture de taille. Il les aime ! De De Gaulle à Chirac, en passant par Mitterrand, le positionnement stratégique et diplomatique de la France s’est basé sur une indépendance solidement adossée à une force de dissuasion nucléaire autonome. Le remettre en cause sans concertation bouleverse toute cette stratégie équilibrée mais fragile quand on sait dans quel état matériel et financier se trouve l’armée française.

Cette décision est de toutes façons précipitée et incongrue dans un contexte international qui a des chances d’évoluer dans les mois qui viennent du fait d’un côté des nouvelles orientations diplomatiques de Barrack Obama, et de l’autre du risque de radicalisation au moyen Orient avec la poussée de la droite en Israël. On ne peut pas prétendre arbitrer seul les conflits mondiaux et en même temps s’aligner sur des positions atlantistes peu négociables.

Sarkozy risque de plus d’associer la France à une poussée de l'anti-américanisme le plus virulent, et de mettre en péril notre sécurité. L’OTAN est assimilée, à juste titre, à l’hégémonie américaine. La réintégration nous exposerait à tous ceux qui ont intérêt aux amalgames et aux assimilations abusives pour nous frapper, y compris sur notre sol, et risquerait de nous entraîner dans des guerres dont nous ne voulons pas, pieds et poings liés par des accords militaires contraignants.

Il n'y a pas si longtemps, l’opinion publique de droite comme de gauche avait salué l’attitude de Chirac qui avait refusé d’entraîner la France dans la guerre en Irak. Jusqu’à Sarkozy, la France jouissait en effet d’une écoute attentive sur le plan international et si, aujourd'hui sa réputation résiste encore aux errements de son président, c'est grâce au souvenir de ces positionnements forts et indépendants comme celui-ci.

Cette adhésion, si elle se réalise, n'augure rien de bon pour les années à venir. Un débat parlementaire, demandé par la Gauche, le MoDem et une partie de l’UMP, va peut-être avoir lieu. Sarkozy va-t-il prendre le risque d’un vote ?

2 commentaires:

  1. Comment peut-on écrire un tel ramassis de conneries, tout le monde sait bien que la France n'a jamais véritablement quitté l'OTAN dont elle est l'un des membres fondateurs. Elle a quitté la structure militaire intégrée en 1966 mais dispose, depuis 1996, d'un représentant au comité militaire. Elle participe ainsi à la planification opérationnelle, mais pas à celle de défense, et continue à prendre part aux autres activités de l’OTAN qui relèvent de la structure civile de cette organisation.
    La France se situe au 4ème rang des contributeurs financiers de l'organisation, c'est-à-dire au nombre des 5 pays qui assument à eux seuls les 3/4 du budget de l’Alliance.
    La France participe aux deux opérations majeures de maintien de la paix et de stabilisation actuellement menées par l’OTAN, sous mandat des Nations unies, KFOR au Kosovo et la FIAS (Force Internationale d’assistance à la sécurité) en Afghanistan ce qui la place au troisième rang des pays contributeurs de troupes, à un niveau comparable à celui de l’Allemagne et de l’Italie.
    • En Bosnie, engagée dans le processus de maintien de la paix en ex-Yougoslavie depuis l’origine du conflit dès 1992, la France prend une part décisive à la force de protection des Nations unies (Forpronu). A partir des accords de Dayton à Paris, la France déploie en moyenne 7 500 hommes dans le cadre de la force de l’OTAN (SFOR) en Bosnie
    • Au Kosovo, les moyens mis en œuvre par la France sur ce théâtre, entre mars 1999 et la résolution 1244 adoptée le 10 juin de la même année ont été conséquents. L’armée de l’air et l’aéronavale ont réalisé 10% des missions de combat et 20% des missions de reconnaissance et de renseignement. La France participe à la KFOR, mise en place par la résolution 1244 du Conseil de sécurité (1999) afin d’établir et de maintenir un environnement stable et sécurisé au Kosovo et d’assister la mission des Nations unies (MINUK).
    En 2006, la France a déployé 2 500 personnels sur 18 000 hommes que compte la KFOR et a exercé le commandement de l’une des quatre brigades de la KFOR et par rotation, celui de la Force dans son ensemble.
    • En Afghanistan, la France déploie par le biais de l'opération "PAMIR" 1 500 hommes, exclusivement pour la région de Kaboul, au sein de la FIAS (Force internationale d’assistance à la sécurité), placée sous commandement OTAN en août 2003, dont la mission, sous mandat du Conseil de sécurité, est d’aider le gouvernement afghan à promouvoir la sécurité sur l’ensemble du territoire afghan depuis octobre 2006. Au sommet de l'OTAN du 4 avril 2008 à Bucarest, la France a répondu à l'appel aux renforts de l'organisation, les membres de la FIAS étant soumis à une forte résistance dans le pays et soumis à de nombreux attentats. Elle a annoncé l'envoi de de 700 hommes supplémentaires dans l'Est, qui combattront aux côtés des troupes américaines déployées à la frontière avec le Pakistan, portant le contingent français à plus de 2 000 hommes au total. Sur le même théâtre afghan, après que l’Alliance a invoqué, pour la première fois de son histoire, l’article 5 du traité de Washington, après les attaques du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, la France participe au sein du dispositif "Heracles" depuis novembre 2001 à des opérations planifiées et conduites directement avec les Etats-Unis dans le cadre de l’opération "Enduring Freedom", en ayant déployé dans le sud de l'Afghanistan 200 hommes des forces spéciales.

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  2. Merci à notre anonyme contradicteur pour ce brillant exposé sur la participation de la France aux opérations militaires sous l'égide de l'OTAN et sous mandat de l'ONU. C'est parfaitement documenté et sérieux.

    Mais nous ne parlons pas de la même chose !

    Ce que nous contestons, c'est le caractère POLITIQUE d'un retour dans le commandement intégré. C'est le changement de stratégie que cela implique. Et ce n'est pas une idée abstraite. Je prend pour exemple l'affaire des "euromissiles" dans les années 80. Comment Mitterrand aurait-il réussi, comme il l'a fait, à convaincre Gorbatchev que la force nucléaire française ne devait pas être comptée avec les missiles américains basés en Allemagne si la France avait fait partie de la structure intégrée ? C'était un choix politique qui a eu des conséquences politiques ! Cela n'a rien à voir avec des financements et des opérations tactiques.
    Notre président gesticulateur décide du jour au lendemain de supprimer la pub télévisée ou de fusionner des banques, et il agit de même pour un sujet aussi sérieux qui met en péril la crédibilité de notre pays.
    C'est cela qui est grave, et personne ne s'y trompe, à gauche comme à droite.

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