Le site de campagne de Gabriel Bellocq

Le site de campagne de Gabriel Bellocq
Cliquer sur la photo

13 décembre 2009

Notre identité républicaine

La rentrée a été rude pour Nicolas Sarkozy :

Jean, son fils prodige, empêché de prendre la tête de l’EPAD ;

Son dernier ministre de l’ouverture qui défend Roman Polanski, accusé du viol d’une gamine de 13 ans ;

Brice Hortefeux, fidèle parmi les fidèles, qui fait des plaisanteries douteuses sur « le profil type » de l’auvergnat ;

Eric Besson qui s’embourbe dans la jungle de Calais et qui fait l’unanimité contre lui, même dans son camp, en chartérisant des sans-papiers vers une zone de guerre ;

Le procès Clearstrteam, tant attendu, qui tourne à la querelle des chefs et qui voit le président de la république, garant devant la constitution de la séparation des pouvoirs, s’arroger le pouvoir de juger avant les juges, bafouant d’un même geste l’indépendance de la justice et la présomption d’innocence ;

L’affaire des sondages de l’Elysée où on découvre les sommes faramineuses versées aux copains Giacometti et Buisson pour sonder et manipuler l’opinion (même les journalistes du Figaro s’en sont offusqués, c’est vous dire…) ;

Et toujours cette dégringolade dans les enquêtes d’opinion de la côte de popularité du président qui égrène jour après jour le ras le bol des Français…

Sarkozy devait réagir ! Bientôt les Régionales ! La maison brûle !

Alors, c’est au ministre félon, l’homme des basses besognes, que revient la conduite de l’indigne projet du « débat sur l’Identité Nationale » qui nous rappelle les relents des heures les plus sombres de notre histoire.

Fini la politique d’ouverture, fini les discours gauchisants, fini les tirades sur les bienfaits de la régulation financière… A droite toute !

Il faut retrouver les fondamentaux qui ont toujours sauvé la droite française : Insécurité et Immigration !

Donc, débattons sur l’Identité Nationale et sur les dangers de l’immigration ! Et même si le gouvernement nie avoir lié l’une à l’autre, personne n’est dupe puisque personne n’oublie l’existence de l’infâme « Ministère de l’immigration et de l’Identité Nationale ».

La suite fut éloquente : le site du ministère hébergeant le forum du dit débat fut vite inondé de propos xénophobes et racistes, les débats sur le territoire ont vu un élu de la république (UMP, il faut le préciser) déraper et dire qu’il est « temps qu’on réagisse, parce qu’on va se faire bouffer », qu’il « y’en a dix millions, dix millions que l’on paye à rien foutre ».

Et Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale, n’a rien trouvé de mieux à dire que : « On va libérer la parole. ». C’est fait ! Elle est libérée la parole et la place publique est désormais couverte d’immondices.

Dès le début, le Parti Socialiste n’a pas été dupe ! La ficelle était grosse et le stratagème maladroit : pour faire oublier aux Français les calamiteuses performances de son gouvernement, Sarkozy jette les immigrés en pâture sur la place publique : rien de mieux qu’un bon bouc émissaire pour relancer la machine et reprendre la main avant les prochaines échéances électorales !

Notre refus de participer à un débat biaisé d’avance ne doit pas être assimilé à une dérobade ! Nous avons des choses à dire sur le sujet mais pas exactement sur une prétendue « Identité Nationale ». Les socialistes sont attachés à une autre notion, celle de « l’Identité Républicaine ».

Une « Identité Républicaine » qui refuse la stigmatisation et l’intolérance, une « Identité Républicaine » qui se nourrit de nos valeurs chèrement acquises pendant la révolution française et gravées avec le fer et le sang dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen : Liberté, Egalité, Fraternité, auxquelles est venue se joindre un siècle plus tard la Laïcité.

A la question : qu’est-ce qu’être français ? Qu’est-ce que la France ? Nous répondons :

Pour nous socialistes, être français, c’est partager des valeurs, se conduire en citoyen avec des droits et des devoirs et vouloir construire un avenir commun.

Pour nous, la France, ce sont les philosophes des lumières : Montesquieu, Diderot, Tocqueville. C’est aussi la France de la révolution de 1789, de la révolution 1848 et celle de la commune de Paris. C’est la France du Front populaire et la France du Conseil National de la Résistance.

La France, c’est l’égalité et le modèle social qui la porte (égalité par l’école publique, égalité par la protection sociale, égalité par la redistribution et la solidarité comme l’a répété Martine Aubry dans son discours du 02 décembre 2009) ;

La France, c’est aussi ses services publics, ses collectivités territoriales, son état fort, qui ont encore démontré lors de la dernière crise, leur capacité à nous protéger quand les retraités anglais et américains pleurent l’évaporation de leurs pensions.

La France, c’est la laïcité, qui n’est pas la négation du fait religieux mais le respect de toutes les croyances tant qu’elles ne sortent pas du domaine privé et qu’elles respectent le socle de nos valeurs communes.

La France, c’est le droit du sol qui fait que qui nait et grandit en France est français.

La France, c’est aussi la diversité et le métissage : disons à ceux qui nous rejoignent comme à ceux qui nous ont rejoints tout au long de notre histoire : « La France, vous l’aimez, donc vous la construisez avec nous ».

Et pour finir, je voudrai citer encore une fois Martine Aubry :

« La France, c’est l’universalisme. La France se conçoit porteuse d’une mission qui la dépasse en faveur des Droits de l’Homme, en faveur de la coopération européenne et internationale, en faveur de la justice et du développement partagé. S’affirmer français, c’est toujours en même temps se sentir européen, se sentir internationaliste.

Etre Français, c’est en effet pour nous être européen. Il n’y a pas de continent où le dépassement des égoïsmes nationaux a été aussi fort. Ni d’autre continent où l’identité de chaque nation nourrit, enrichit, celle de tous les autres. Cela aussi, parce que nous aimons la France, nous le disons : l’Europe est notre avenir. Une Europe volontaire et solidaire, accueillante et innovante.

Etre français, c’est vouloir construire ensemble notre avenir. Notre identité n’est pas figée et continue à se forger. Voilà pourquoi Ernest Renan – comment ne pas le citer ici, un breton ! – écrivait à propos de la nation française que « si elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le [..] plébiscite de tous les jours. » . Se réclamer chaque jour de sa devise et de ses valeurs, les faire vivre, voilà ce qu’est la France.

C’est de cette idée simple et sublime qu’est née la République, que la Révolution française résonna dans toute l’Europe, en 1789 comme deux siècles plus tard, en 1989. Comment oublier qu’à Bucarest, la foule qui se souleva contre la terreur du régime de Ceaucescu entonnait la Marseillaise, ce même « contre nous de la tyrannie » qui avait soulevé l’armée de Valmy. » Fin de citation !


Lotfi Midouni